En 1979, Michel Martens, auteur de Série Noire (avec Jean-Pierre Bastid), rencontre Jérôme Charyn, le créateur d'Isaac Sidel. Tous deux aiment passionnément le cinéma et ils décident d'écrire pour Libération un feuilleton placé sous l'égide du personnage joué par Tyrone Power dans Le charlatan. Ainsi est né Arnold, le Geek de New York... Ce mot aux consonances étranges - il faut le prononcer " guik " - désigne un personnage mi-homme, mi-bête qui se repaît de chair crue et arrache de ses dents des têtes de poulets dans une attraction foraine. Le personnage d'Arnold, dans l'histoire qui est ici publiée pour la première fois sous forme de roman, ne se nourrit pas de têtes de poulets. Il mange les restes d'un infâme restaurant pompeusement nommé Le Sultan ; on le gave de glaces et de frites. Il faut dire que cet être extraordinaire, d'une laideur magnifique, est un sans domicile fixe qui partage son temps entre deux ports d'attache : les tunnels dont les ramifications s'étendent sous la ville de New York et le cinéma Dover. Car Arnold le clodo, l'exclu, le marginal doit être le plus grand cinéphile de la ville. Il vit de fabuleux rêves de celluloïd dans la caverne noire du Dover. Il connaît toutes les vedettes des années trente et quarante et a une passion pour Victor Mature. Il ne manquerait pour rien au monde My Darling Clementine...