Une vieille femme, ancienne sibylle, vit retirée dans la montagne, aux environs de Delphes, en compagnie de son fils, né idiot. Elle reçoit un jour la visite d'un étranger qui lui raconte son histoire : à un criminel qui portait sa croix vers le lieu du supplice, il a refusé de se reposer un instant contre le mur de sa maison, et cet homme l'a maudit. La sibylle à son tour raconte à l'étranger l'histoire de sa vie ; celle d'une jeune fille qui, remarquée par les prêtres de Delphes, devint pythie, à la fois vénérée et redoutée de tous. Pendant un séjour chez ses parents, elle s'est éprise d'un jeune homme ; il a péri noyé, victime de la colère de Dieu. Enceinte, elle a dû fuir la fureur de la foule et c'est au milieu des chèvres, dans la montagne, qu'elle a mis au monde un fils idiot... Que l'on soit béni ou maudit, on n'échappe pas au Dieu que l'on a une fois rencontré.
On retrouve dans La sibylle cette angoisse latente, permanente, cette recherche sans concession de la vérité, cette lucidité cruelle qui caractérisent l'œuvre de Pär Lagerkvist. André Gide qui l'admirait profondément a écrit : " Lagerdkvist a su se maintenir sans défaillance sur cette corde raide tendue à travers les ténèbres entre le monde réel et le monde de la foi ". |