Comme la plupart des Révolutionnaires ultérieurs, les Réformateurs étaient des gens de plume auxquels le pouvoir idéologique apporta le pouvoir politique. Il ne faut pas se représenter en ayatollah vociférant et cruel un homme comme Jean Calvin (1509-1564). Anges, diables et péchés (extraits de l'Institution de la religion chrétienne), où sont présentées les difficultés de connaître les êtres surnaturels et leurs actions, et où sont rappelées l'évidente déchéance ontologique de l'homme et la faiblesse de ses forces, est le contraire d'une prédication fanatique. Calvin est un auteur sobre, clair, et plein d'ironie. Il pose le texte biblique pour en dégager la lettre. Car il est surtout un lecteur, un excellent lecteur, et le protestantisme n'est peut-être rien d'autre que le droit de la lettre biblique à se faire entendre. L'esprit est dans la lettre, et non hors d'elle.