Depuis que ce livre fut écrit vers 1960-1970, les temps ont une fois de plus changé. Le mur qui séparait notre monde en deux hémisphères Est-Ouest s'est écroulé. Et la révolte semble maintenant avoir perdu l'espoir de la. révolution qui ferait triompher toute la liberté, pour tous, sur Terre. Prométhée perdrait-il ses illusions ? Ne serait-il pas quelque part entre mer Noire et Caspienne de Caucase, où Zeus l'aurait hier enchaîné ? Prométhée se retrouve non pas libre mais seul sur Terre, où, pour tuer le temps, "il trafique et bricole atomes et gènes". Et faute de mieux, hanté par son vieux mythe, il se fabrique un Caucase de carton-pâte sur lequel il se hisse, lance ses pétards et gesticule pour s'épater lui-même. Zeus n'est plus à Rome ni à Moscou. Il s'est absenté, bien au-delà de notre banlieue galactique, derrière la courbure de l'univers, au-delà du temps et du big-bang originel... Rien d'autre qu'une scène au décor peint où Prométhée vainement s'agite. Rien d'autre qu'un ciel vide où, à des milliards d'années-lumière, brillent des atomes chimiques... Rien... que du fer, du silicium... Nul sens, les innombrables et invisibles tentacules d'une nécessité ou d'un hasard innommables, dont la conscience se révèle captive de toutes parts. Rien de vrai, donc de faux; seulement des chaînes. Le bloc d'un néant où la liberté est pétrifiée. Seulement le fait, dénombré, quantifié: la science... Même plus de vautour... Zeus s'est absenté, reste sa foudre |