Le XVIIIe siècle expire, dans les convulsions que l'on sait. Tandis que Paris se fatigue de la guillotine, que Londres continue à se saouler au gin, l'explorateur écossais Mungo Park découvre le royaume de Ségou, en Afrique, où la folie humaine s'exprime encore avec une simplicité biblique. De retour au pays, il redécouvre un monde - le sien, mais il l'avait un peu oublié - où le progrès est en train de se faire les dents. Aveuglément, cruauté, extravagance sont mieux que jamais au rendez-vous, cependant que la marionnette humaine gigote bravement et tente, bien en vain, d'éviter les mauvais coups.
Pour les inconditionnels de T.C. Boyle (Prix médicis/Etranger, 1997), Water Music (1981) fait un peu figure de livre-fétiche. L'auteur y a mis, outre son désir de provoquer notre époque, cette ambition parfaitement folle : rassembler en un même creuset toutes les formes de fiction où le génie anglo-saxon a excellé depuis trois cents ans, du conte libertin en costume d'époque au roman noir américain. La critique, éblouie par le produit de cette alchimie, compara le livre au Cent ans de solitude de Garcia Marquez, au Tom Jones de Fielding... rien de moins.
700 pages dont le moins qu'on puisse dire est qu'elles ne sont pas de tout repos. |