Voici ce qui se passe : Mathieu, quarante ans, architecte, marié, sans enfant, mais doté d'une jeune maîtresse, aimé des femmes d'une façon générale et aimant la vie qui le lui rend bien, apprend un matin par son docteur qu'il a un cancer des poumons et qu'il sera mort dans les six mois. On se doutait bien que l'on était mortel, qu'un jour il nous faudrait mourir, mais pas d'une façon aussi précise. C'était toujours plus tard, beaucoup plus tard dans notre esprit. Autant dire jamais, Mathieu va passer sa journée à consulter ses amis, ses femmes, ses pensées et son passé. Tout lui renvoie un reflet de lui-même qu'il ne connaissait pas. En fait, Mathieu veut bien mourir mais pas sans avoir été aimé, pas sans être sûr d'être pleuré : il attend un cri, il n'entend que des chuchotements. Bien sûr, il a eu, autrefois, une femme qui, peut-être...
Comment Sagan s'y prend-elle pour nous faire rire et nous séduire avec ce livre grave et dénudé, c'est un des grands bonheurs de ce Chagrin de passage. |