On ne parle en France de la Roumanie que lorsque quelque scandale retentissant indigne ou apitoie l'opinion. Jamais un mot, dans les médias, sur les beautés et les trésors de ce pays, sur les campagnes encore vierges, la variété de ses paysages, tour à tour de plaines, de montagnes, maritimes, lagunaires, sur la merveille du delta, sur le charme des villes, sur la splendeur des monastères et des châteaux, ni sur la force morale, le courage d'un peuple que cinquante ans de tyrannie et de misère n'ont pas abattu, où les livres ne sont pas moins bienvenus que les médicaments et les aliments, où l'on rencontre souvent plus de passion pour les choses de l'esprit, plus de culture véritable et de soif intellectuelle que dans l'Europe de la consommation et de la facilité. Nous avons visité la Roumanie comme nous visitons l'Italie ou l'Espagne: décidés, certes, à ne rien ignorer des contraintes où se débat un des peuples les plus malmenés de notre siècle, mais aussi à nous promener, à flâner, à nous arrêter au bord des routes et à parler avec les gens, comme dans n'importe quel pays dont le régime et les dirigeants, temporaires, importent moins que le milieu vital, les beautés naturelles, les monuments, les créations passées ou présentes".
D. E |