Le livre du Courtisan (1528) de Baldassar Castiglione est un des chefs-d'œuvre de la littérature italienne, mais aussi un de ces textes, rares, qui ont eu un destin vraiment européen et qui ont exercé une influence dépassant le cadre littéraire. Son succès immense pendant près de trois siècles prouve que la société européenne d'Ancien Régime s'est reconnue dans le personnage du " parfait Courtisan " dessiné, au début du XVIè siècle, par un gentilhomme originaire de Mantoue, homme de guerre, diplomate, humaniste, poète, qui devait finir sa carrière comme nonce pontifical à la cour de l'empereur Charles-Quint. Loin d'être un " vil flatteur ", le courtisan de Castiglione résume en lui toutes les qualités que la renaissance exige de l'homme individuel et social. L'idéal chevaleresque du Moyen Age et l'idéal culturel de l'Humanisme, les " armes " et les " lettres ", s'unissent pour former un modèle qui inspirera par la suite d'innombrables variations. Mais le Courtisan n'est pas une livre théorique. C'est une " conversation ", pleine d'esprit, de grâce et de désinvolture, de poésie aussi, qu'échangent des amis dans le cadre du palais ducal d'Urbino, siège d'une des cours les plus raffinées d'Italie. Rabelais, Montaigne, Cervantès, Shakespeare, pour ne citer que les plus grands, retiendront les leçons du " comte Baldassar ", doublement immortalisé par son livre et par le portrait que Raphaël, son ami, a fait de lui. |