Les musées français ont été largement renouvelés et remodelés, voire reconstruits, depuis une génération : ils suscitent aujourd'hui un attachement unanime de la part d'un public de plus en plus nombreux. Mais cette mutation spectaculaire a souvent conduit à célébrer les progrès accomplis au détriment de la mémoire des lieux et des hommes. C'est ce que montre Dominique Poulot dans cette histoire originale des musées de France. Dans son moment fondateur, en rupture avec le secret des collections particulières, le musée a voulu illustrer l'utilité publique de l'art et du savoir. Du XIXe siècle au XXe siècle, entre bureaux parisiens et conservateurs locaux, une institutionnalisation décisive s'accomplit - au service, selon les cas, des propagandes républicaine ou monarchique. Les musées attestent du goût français, mettent en scène la profondeur historique de la nation, et participent à la construction d'identités collectives. La fin du XXe siècle voit surgir un nouveau modèle d'établissement, qui place les publics au centre de ses préoccupations et contribue au développement culturel comme à la définition d'un patrimoine. Ces deux siècles ont connu de nombreux conflits de musées, la disparition de certains, la reconversion radicale d'autres et, en guise d'innovations, quelques déménagements de collections. Loin d'une image stéréotypée de l'institution, l'auteur montre combien son histoire, dans ses rencontres plus ou moins réussies avec les visiteurs, témoigne d'engagements politiques et sociaux, autant que d'évolutions professionnelles et de configurations disciplinaires. |