Il se planta au centre de la cour. Peu à peu, très progressivement, l'espace se remplit de voix, et les voix, aux tons variés, discutaient, riaient, récitaient, murmuraient, en volume croissant, mais toujours claires, distinctes, si claires qu'au milieu de la rumeur, Alejandro de la Guardia distingua sa propre voix, nettement reconnaissable, rieuse, audible mais invisible, d'autant plus terrifiante qu'elle était invisible, terrifiante aussi parce que tout en étant certain que c'était sa voix, il savait que ce n'était pas la sienne, qu'elle l'attirait vers un mystère qui ne lui appartenait pas, mais qui le menaçait, le menaçait terriblement... " A l'instar d'Alejandro de la Guardia, cerné par la folie de ses deux vieilles tantes, tous les personnages de ce recueil sont plongés dans un univers inquiétant, peuplé de dangers visibles ou invisibles. Carlos Fuentes s'amuse à faire peur au lecteur. En jouant avec les codes issus de la tradition littéraire du conte gothique et fantastique, il nous offre un livre riche et haut en couleur, où tout le talent du grand romancier mexicain éclate dans un genre inhabituel. |