Pierre Loti (1850 - 1923), romancier à succès et mondain courtisé, fut l'un des écrivains les plus lus des années 1890 à 1910. C'est pourtant le même homme qui, délaissant les honneurs, décida de se perdre dans les solitudes d'un désert. Cet " agnostique qui ne se résigna jamais à renoncer à Dieu ", comme l'écrit son ami Claude Farrère, sillonna le Sinaï du 22 février au 25 mars 1894, avant de se rendre à Jérusalem. Ce récit nous fait découvrir un Loti bien éloigné de ses romans Aziyadé et Madame Chrysanthème. Ici le style est épuré, comme si l'ascèse à laquelle se trouvait confronté le voyageur rejaillissait sur sa manière de dire. La nature et les hommes sont décrits avec la même sobriété, tandis que dominent tout au long du livre les trois données immédiates du désert : intemporalité, virginité, immuabilité.