Claire et solitaire, la voix de la fillette s'élevait, déchirante. Mais la mère, la jument gris bleuté, gardait la posture qui était la sienne depuis la veille : tête baissée, yeux clos ; sa lèvre inférieure touchait presque le poulain mort étendu, rigide, pattes dressées vers le ciel comme les branches d'un arbre mort. L'autre, le poulain vivant, semblait découragé,
il n'osait plus s'approcher des mamelles de la mère étrangère. " Des chevaux et des hommes. Sous le ciel de l'Altaï, au milieu des immenses steppes de Mongolie, Galsan Tschinag plante le somptueux et désormais familier décor d'une double tragédie : la disparition d'une mère, qui laisse trois enfants et un époux qui avait appris à l'aimer ; le refus d'une jument, en deuil de son petit, de nourrir un poulain orphelin. Chez les humains comme chez les animaux, il s'agit que la vie l'emporte sur la mort, il s'agit de retrouver le chemin de la source d'amour. En contrepoint de ces drames, l'auteur révèle un autre aspect de son exceptionnel talent de conteur en s'attachant aux luttes des nomades contre les envahisseurs venus de tous les horizons. Galsan Tschinag au sommet de son art. |